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Les enfants de la crèche

EDITORIAL PARU DANS LES ANNALES DE L’OEUVRE DE L’ADOPTION DE DECEMBRE 2023.

Dans notre France actuelle, où l’on n’apprend plus l’Histoire, peu de jeunes savent qu’autrefois il y eut, chez nous comme ailleurs, nombre d’enfants abandonnés à leur naissance du fait de la misère dans laquelle se trouvaient leurs mères, des femmes seules dans l’incapacité de les élever.

Illustration Les Filles de la charité par Henriette Browne (1859).

Ces jeunes seraient donc étonnés d’apprendre qu’au début du XVIIème siècle encore, il n’était pas rare de trouver au petit matin des nouveaux-nés gisant dans les rues, à Paris notamment, et que ce fût là l’une des raisons majeures qui amenèrent Vincent de Paul, ce géant de la charité, à mettre sur pied, avec Louise de Marillac, la congrégation des Filles de la Charité, chargées, entre autres tâches, de recueillir et d’élever ces infortunés. Pendant plusieurs siècles, elles s’adonnèrent à cet apostolat, à Paris notamment, avec un dévouement admirable. On les reconnaissait de loin à leurs coiffes caractéristiques.

Aujourd’hui, elles ont pratiquement disparu de nos contrées, en même temps que les enfants abandonnés. Que sont-elles donc devenues ?

Nous les retrouvons maintenant en d’autres parties du monde, en particulier juste de l’autre côté de la Méditerranée, dans le pays que l’on appelait autrefois la Terre Sainte. Là elles continuent à déployer leur inépuisable charité, sur les pas du Christ, au service des pauvres, des malheureux, partout où elles peuvent soulager la détresse humaine.

À Nazareth, elles ont créé un hôpital qu’elles n’ont cessé de développer au fil du temps. Mais leur plus belle réussite est sans doute Bethléem où elles se consacrent à l’enfant : à la maternité où viennent accoucher les futures mères et, tout à côté, à la crèche où elles recueillent les enfants abandonnés. Là où notre Seigneur naquit dans le plus grand dénuement, elles se donnent à ces malheureux enfants privés de famille, leur prodiguant la tendresse dont ils ont tant besoin. Dans le souci de les accompagner le plus longtemps possible, elles les gardent désormais durant leur petite enfance en assurant leur instruction élémentaire. Elles veillent sur eux maternellement.

En ce temps de Noël, nous joignant par la pensée et par le cœur au Filles de la Charité, nous avons une pensée particulière pour ces petits infortunés : « Mon père et ma mère m’ont laissé, mais le Seigneur m’a recueilli».

Jean Genty